Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
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Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
12/12/2021
Arrivé à Jérusalem, Jésus doit faire face au feu-roulant de questions des responsables du Temple. C’est à des représentants de cette plus haute autorité de son peuple que Jésus propose la parabole d’un père qui avait deux fils qu’il envoie travailler à sa vigne. Nous avons entendu comme l’ainé après s’être instant dérobé, finalement accomplit la volonté de son père, alors que le second, tout sourire et plein d’allant, lui répond très favorablement et s’empresse de n’en rien faire. « Lequel des deux a fait la volonté de son père ? » demande Jésus.
A la réponse des autorités qui se sont déclarées unanimement en faveur du frère ainé, Jésus propose une actualisation étonnante. Ceux qui ont accompli la volonté de Dieu en se convertissant à la parole du Baptiste, sont les publicains et les prostituées ; ceux qui ont endurci leur cœur à la parole du prophète sont précisément ses auditeurs, les responsables du Temple. La leçon est sans concession mais il y a plus. Ces hommes religieux et puissants se découvrent n’être que des « cadets », alors que Jésus désigne la lie de leur peuple – selon leurs propres critères -, à savoir des publicains et des prostituées comme étant les « aînés » du Père avec tout ce que cela implique comme honneurs et privilèges dans les cultures du Proche-Orient antique.
Sacré retournement de perspectives. Bien sûr que nous sommes assez réalistes pour savoir que nous avons du mal à accomplir chaque jour la volonté du Père des cieux, mais nous inclinons souvent assez facilement à nous situer dans le groupe qui « fait bien »… comme probablement les autorités du Temple. Mais pour eux, il avait été hors de question de se mêler aux loosers et à la populace qui se rendaient auprès de Jean le Baptiste. De la même manière, des hommes et des femmes que l’on n’attend pas, que l’on croit incapables d’une dimension religieuse ou spirituelle en raison de leur mode de vie et de leur conditionnement social, accomplissent réellement et humblement la volonté du Père. Suis-je capable de le reconnaître et, plus encore, est-ce que je vais être en mesure de les aimer et les recevoir comme autant de frères et de sœurs ainés ?
P. Pascal-Grégoire
10/12/2021
. N’était-ce pas en raison de cette ultime mission, qu’Élie avait été enlevé – vivant – et emmené vers l’Éternel sur un char de feu devant les yeux de son disciple Élisée ? Élie, le prophète puissant de Yahvé, qui avait clos les cieux pendant trois ans et demi, empêchant toute pluie de tomber sur la terre d’Israël pour punir son peuple de ses infidélités… Élie, le héraut redoutable de l’Unique qui massacra sur le mont Carmel les 350 prophètes de Baal et les 300 prophètes d’Astarté…
Nul ne doute que la prédication du Baptiste ait résonné des accents sans concession d’Élie dont Jean portait le manteau prophétique et son attrait pour le désert. Jésus lui-même reconnait au Baptiste d’avoir reçu cette mission unique d’incarner ce héraut de la fin des temps même s’il ne fut pas reconnu par les dirigeants et les sages d’Israël. Un être d’une stature hors-norme qui échappait probablement aussi à ceux qui se précipitaient au guet du Jourdain pour se mettre à l’abri de la colère divine qui allait frapper selon le Baptiste.
Une vieille tradition d’Israël rapporte qu’Élie fut emmené vivant aux cieux pour être confondu par Dieu lui-même de sa trop grande sévérité à l’égard des fils et des filles de son peuple. Alors qu’Élie se posait continuellement en accusateur de ses frères en raison de leurs continuelles infidélités et de leur perpétuelle idolâtrie, l’Éternel ne cessait de lui rétorquer que chaque jour, ils étaient capables aussi de se convertir et de revenir à l’Alliance. De guerre lasse, Yahvé ravit auprès de lui Élie pour l’obliger à assister à toutes les circoncisions des petits garçons d’Israël jusqu’à la fin des temps pour lui prouver qu’Israël n’était pas ce peuple indécis et peu sûr qu’Élie stigmatisait et fustigeait un peu trop rapidement. Jusqu’à la fin des temps… jusqu’à ce jour où la Miséricorde divine viendrait rejoindre en personne la marche de son peuple.
P. Pascal-Grégoire
08/12/2021
« Jean Baptiste ne mange pas, il ne boit pas, et l’on dit : “C’est un possédé !” Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.” ». Le cœur de l’homme est toujours fertile en arguties lorsqu’il s’agit de ne pas bouger d’un pouce, et surtout lorsqu’on nous demande de sortir un tant soit peu de sa zone de confort.
Et Jésus de clore son enseignement par une parole énigmatique : « Mais la Sagesse de Dieu a été reconnue juste à travers ce qu’elle fait. » Probablement que le Maître de Nazareth rappelle alors à la mémoire de ses auditeurs les versets du très beau Livre des Proverbes : « La Sagesse a bâti sa maison, elle a taillé sept colonnes. Elle a tué ses bêtes, et préparé son vin, puis a dressé la table. Elle a envoyé ses servantes, elle appelle sur les hauteurs de la cité : « Vous, étourdis, passez par ici ! » À qui manque de bon sens, elle dit : « Venez, mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé » (Pr 9-5). Après le temps de l’attente et du désir signifié par l’ascèse de Jean le Baptiste, est à portée de nos mains et de notre joie le banquet du Royaume. Ce banquet dont les repas partagés par Jésus avec les uns et les autres sans discrimination de rang ou de vie sont déjà une annonce prophétique et une réalisation anticipée.
Le Livre des Proverbes nous en dit aussi un peu plus sur ceux qui se rient de l’appel de la Sagesse. C’est que déjà au fond de leur cœur, ils ont fait le choix du lucre et des profits malhonnêtes… dont ils ne recevront en héritage que poussière et mort. Le choix n’est pas entre suivre Jésus ou suivre Jean le Baptiste. Il n’y a que l’urgence à entendre l’appel de Dieu à être des vivants et des frères. Nous rendrons-nous au banquet de l’Eternel, ou allons-nous nous calfeutrer dans notre triste garde-manger en espérant pouvoir faire notre beurre sur le dos des autres ? Il n’y a pas d’autres choix que celui-là.
P. Pascal-Grégoire
03/12/2021
Un peu comme sur une chaîne d’infos continues, elle plonge dans une lumière aveuglante l’histoire de ces personnes qui sont censées faire la grande histoire. De fait, bien peu des contemporains de Jean le Baptiste ou de Jésus ne devaient rencontrer dans leurs vies quotidiennes ces augustes personnages mais dont les faits et gestes pouvaient cependant impacter leur quotidien le plus ordinaire. Il valait même très probablement mieux ne pas avoir à faire avec de tels sires. Tant Jean le Baptiste que Jésus en feront la tragique expérience.
Mais il existe une autre façon de vivre notre rapport à l’histoire. Oser notre histoire non à l’aune des puissants mais à la lumière de Celui qui vient se dire à l’intime : « … la Parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie. » Cette histoire n’est pas moins réelle, n’est pas moins vraie que celle des rois et des grands-prêtres. Elle est juste plus discrète, plus humble, plus accessible aussi car c’est bien dans nos histoires particulières et bienheureusement minuscules que s’opère cette rencontre et le déploiement d’une puissance de vie insoupçonnée qui s’origine dans le désir de l’Eternel.
La prédication de Jean nous questionne alors sans fard sur l’espace où nous voulons vivre notre propre vie. Devant les écrans anxiogènes et addictifs qui nous donnant le tournis dans une immédiateté mortifère, nous blindent à la réalité sensible du monde. Ou bien dans une proximité humble et discrète qui nous garde à portée de voix de frères et sœurs bien vivants. Bâtir avec eux une histoire fraternelle et simple, ne pas être des « sous-vivants » en se résignant à vivre par procuration. A propos savez-vous ce qu’est devenu ce Lysanias d’Abilène ? Il semblerait qu’il ait disparu des écrans des réseaux sociaux !
P. Pascal-Grégoire
01/12/2021
Comment alors ne pas crier à la face du monde cette ultime imploration ? Comme un va-tout qui rappellerait à Dieu ses engagements de naguère, quitte à faire dresser les cheveux sur la tête de ceux que se satisfaisaient très bien d’un monarque qui, bien que terrestre, faisait régner l’ordre et rentrer les taxes… « Prends pitié de nous, fils de David ! » criaient les aveugles.
La réaction de Jésus est étonnante. Les ayant laissés entrer dans la maison, Jésus les interpelle : « Croyez-vous que je peux faire cela ? » Pourquoi une telle question ? Jésus comme ses disciples se sont bien rendus compte des efforts – y compris sonores - que les deux aveugles ont déployé pour suivre le Maître jusqu’à Capharnaüm. Il s’agit donc d’autre chose. Peut-être que Jésus les convie à passer de la plainte à la foi, du statut de victimes malheureuses de l’existence à la parole qui engage et remet en relation. C’est par leur acquiescement à la parole de Jésus qui leur demande de devenir sujets de leur histoire qu’ils s’ouvrent à la possibilité de leur guérison. La pédagogie divine requiert toujours l’engagement et la liberté de ceux et celles qui sont en quête de vie et de liberté.
Il arrive parfois que nous n’ayons que cris ou gémissements dans le creuset de l’épreuve. La grâce d’une rencontre est celle de l’émergence d’une parole qui déchire l’absurdité de l’impuissance, qui arrache à la fatalité et finalement ouvre à la confiance. Si bien sûr nous ne sommes pas le Christ, nous sommes par contre bien réellement la maison où aujourd’hui le Seigneur accueille les blessés de la vie. Comment saurons-nous leur donner cette parole qui permet d’échapper aux filets du désespoir et à la solitude, de passer du cri à la confiance ?
P. Pascal-Grégoire