Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
7, place de l'église - 17120 Cozes
paroissecozes@gmail.com
05 46 90 86 55
Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
17/11/2020
Solidement campée au centre du bourg de Grézac, l’église Saint-Symphorien est un magnifique exemple de résilience au défi des aléas des âges et de la violence des hommes. De l’église romane du XIIe siècle, dépendance de l’abbaye de Sainte-Eutrope de Saintes ne subsiste aujourd’hui que l’abside nord avec ses fenêtres à colonnettes et arcades décorées par des bandeaux à damier et pointe de diamant, chapiteaux à feuillage et animaux entrelacés, riche et luxuriante décoration qui ne peut que nous faire regretter la disparition de cette église romane dont quelques décors sculptées en haut reliefs réinsérés dans la haute façade témoignent encore de la magnificence disparue de l’église romane.
En effet, l’édifice dut être très largement réédifié au XIVe siècle (par suite des dégradations de la Guerre de Cent ans ?). Elle fut alors dotée d’une vaste crypte-ossuaire dont les voûtes s’appuient sur des banquettes disposées le long des murs de la salle, les voûtes s’élevant à cinq mètres de haut pour retomber au centre sur une colonne. Cette dernière porte un chapiteau sculpté de têtes de monstres et de visages grimaçants. La façade de l’église date de cette même campagne de construction et servit donc d’écrin à des sculptures romanes sauvegardées. Les baies géminées accueillent la représentation du procès et de la condamnation à mort de Symphorien, le saint patron de l’église. Une autre scène présente un Sagittaire brandissant son arc et pourchassant un cerf alors qu’une dernière sculpture évoque deux épisodes de la fable bien connue du Renard et de la Cigogne (scène que l’on retrouve sur la façade sud de l’église de Cozes) puisée non au répertoire De la Fontaine (qui viendra bien plus tard) mais aux très anciens récits d’Esope (VIe siècle avant notre ère) mais toujours populaires au Moyen-âge.
A l’intérieur, datant vraisemblablement du XIXe siècle, se trouve un haut-relief en plâtre dans l’angle nord-ouest qui représente la scène du baptême du Christ et dont tous les personnages sont figurés quasiment grandeur nature. Vous pourrez aussi admirer également à l’intérieur un des plus beaux chemins de croix de notre diocèse ainsi que deux grands tableaux représentant une Crucifixion et, sujet rarement figuré, un miracle de sainte Geneviève guérissant la cécité de sa mère Gérontia.
Le patron de l’église, Symphorianus (Symphorien), passe pour être un martyr gaulois, plus précisément de la ville d’Autun où il aurait rendu son ultime témoignage à la fin du second siècle. Alors que le peuple, en grande partie païen, promenait une statue de Cybèle, Symphorien, se moquant du cortège, refuse de joindre ses hommages à ceux de la foule. Il est saisi, battu, arrêté et incarcéré. Interrogé par Héraclius - c’est cette scène qui est représentée sur la façade de l’église de Grézac, il est condamné à la mort par le glaive. Symphorien est amené hors les murs et décapité en présence de sa mère Augusta qui, restée sur les remparts, l’exhorte au martyre.
À l’époque mérovingienne, Symphorien est considéré comme un saint « national », à l’instar de saint Denis de Paris ou Martin de Tour. Au témoignage de Grégoire de Tours, sa tombe « est presque trouée par les malades qui s'y font porter, afin d'enlever un peu de poussière de son tombeau dont ils se servent comme d'un remède efficace à tous leurs maux ». La première église de Grézac remonterait-elle elle aussi à l’époque mérovingienne ?