Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
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Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
19/11/2020
L’église Saint-Martin d’Arces a été bâtie sur le rebord d’un haut escarpement rocheux qui a donné son nom au futur bourg (Arces devant provenir de Arx, la citadelle), un promontoire qui a pu accueillir un castrum à l’époque romaine veillant sur une des voies d’accès à la grande cité portuaire de Novioregum (le Fâ sur la commune voisine de Barzan). Une première église existait au moins au début du XIe siècle car ce sanctuaire est cédé en 1086 à l'abbaye Saint-Étienne de Vaux. C’est sous patronage de l’abbé de Vaux que cette église elle sera reconstruite au cours du XIIe siècle (très probablement entre 1140 et 1170). De cette période date son abside à trois pans, de style roman, seul vestige de l'édifice originel, qui sera considérablement remanié au cours de son histoire.
L’église sera profondément modifiée trois cents ans plus tard à la fin du XVIIe siècle probablement en raison des dégâts et des vicissitudes des Guerres de religion. D’autres travaux seront diligentés à partir de 1670. La façade, édifiée en 1703, se compose d'une porte à fronton triangulaire brisé, surmontée d'une baie rectangulaire, et est encadrée par deux contreforts massifs. La décoration de l'abside fut entièrement repensée au XIXe siècle : de cette époque datent les fresques murales et la voûte céleste peinte sur le cul de four, même les chapiteaux romans furent repeints également à cette occasion, empâtant de façon dommageable la finesse de la sculpture romane. Mais cet usage intempestif de la peinture peut avoir du bon ! A l’occasion de travaux entrepris en 2018, on eut l’heureuse surprise de découvrir que l’épaisse couche de badigeon (en fait onze couches !) recouvrant la chapelle sud dissimulait un véritable trésor : des décors peints datant du XVe siècle représentant des scènes religieuses qui sont encore à déchiffrer.
La coupole de l’église surplombe un très beau chapiteau roman représentant la « pesée des âmes ». Saint Michel, une balance à la main, regarde Satan qui cherche, vainement, à faire peser le fléau de son côté, un motif remontant à l’Egypte pharaonique et accueilli dans l’univers roman via l’Eglise copte d’Egypte, peut-être à l’occasion des croisades. Le motif est bien connu : si le plateau penche du côté du bien, l’âme du défunt sera sauvée et pourra rentrer dans le Paradis. Dans le cas contraire, elle sera livrée au pouvoir du Satan. Mais que nul ne désespère ! La même scène, représentée sur des chapiteaux des églises de Saint-Eutrope de Saintes, Saujon ou Corme-Royal, est sans équivoque : on y voit très clairement l’archange Michel appuyant sans vergogne sur le fléau de la balance pour la faire pencher du côté de Dieu…